Voici maintenant deux mois que je suis ici, à Ivato. Le
temps passe trop vite et les jours défilent à une vitesse sans précédent. Je
viens de me rendre compte qu’un tiers de ma mission est déjà passée. Le temps
est une chose précieuse. J’aimerais pouvoir prendre la télécommande de ma vie
et pouvoir mettre au ralentit cette aventure. Au bout du monde, tout me parait
si simple, comme une logique scientifique que personne ne pourrait contredire.
Pour la première fois de ma vie je sais qui je suis et ce que je veux
réellement. Les peurs qui me hantaient en France ne sont plus que poussière
ici. J’ai l’impression d’être forte et que tout est possible. Cette force,
c’est celle de mes élèves. Au CFP, les jeunes ont un courage et une force
admirables. Ils ont du talent qui ne demande qu’à pouvoir être extériorisé. Je
fais avec eux du français parlé. Mais il ne s’agit pas uniquement d’une matière
qu’on apprend à l’école. Je me rends compte que c’est beaucoup plus. Je veux
faire de ce cours un tremplin pour eux. Quelque chose d’utile. Pas uniquement
de l’enseignement.
En Cours je fais des ateliers d'écriture, débats et théâtre.
Je vois la grandeur de ces jeunes à chaque fois que je lis leurs textes et
chaque fois qu’ils jouent. Je ne cesse d’être agréablement étonnée par la foi
et par le courage qui les habitent. Avant de partir je pensais être forte car
malgré toutes les difficultés auxquelles j’ai dû faire face j’ai toujours
continué d’avancer la tête toujours plus haute. Mais ces jeunes, ce sont des
héros. Peut-être pas sur une échelle internationale, ni même nationale, mais
sur l’échelle d’une vie. Quand on sait les écouter, on peut entendre dans leur
voix, voir dans leur sourires et comprendre dans leurs actes leur courage. Madagascar est un pays pauvre me direz-vous,
mais il me semble qu’il n’existe aucune richesse comparable à la richesse
intérieur. Chaque jour je ne cesse d’apprendre, chaque jour je veux aller plus
loin pour ces jeunes merveilleux.
En France, trop de jeunes voient l’école comme une
obligation. Moi-même je voyais l’école comme une corvée. Mais la volonté que
j’ai appris à connaitre ici est sans égale. Plus d’une heure de marche dans les
rizières pour assister à des cours, des élèves qui me demandent de corriger des
travaux non demandés, et d’autre qui veulent continuer les cours de français
après leurs examens. Ma mission ce n’est pas seulement de leur enseigner le
français mais de croire en eux. Ma mission passe trop vite mais ma tête ne
cesse de se remplir de souvenirs, de morales de vie et j’en suis plus
qu’heureuse. J’ai beaucoup de chance et j’en suis consciente. Je viens non pas
d’un milieu très aisé, mais ma famille a pu m’aider à réaliser mon rêve, à
faire ce voyage. Cela n’est pas possible pour tout le monde, je le sais. Mais
je pense que même à petite échelle nous sommes tous capable de réaliser un
rêve. Mon rêve était de partir et faire de l’humanitaire pour aider les autres.
Ici je me rends compte que j’aurais même pu réaliser ce rêve
chez moi. Sortir, offrir mon soutien à quelqu’un qui en a besoin, c’est simple
et c’est ce que je fais ici. Je pense que nous sommes tous capable de nous
donner nous-même les moyens de grandir et de trouver la voie du bonheur. Alors
je garderais toujours en mémoire ces jeunes, car comme eux je veux sourire à la
vie malgré les difficultés que je pourrais rencontrer. Je ne veux jamais cesser
de voir la beauté des choses les plus simples. Ma mission ne s’arrêtera pas à
la fin de mon contrat d’engagement mais elle continuera, tant que d’autres
jeunes comme moi s’engageront comme volontaires pour voir la beauté du monde,
la partager aux autres et à être présent pour tous les jeunes du monde. Cette
mission je suis fière du haut de mes 21ans de pouvoir y participer et je
profiterai d’autant plus des quatre mois qui me restent à Mada.
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