dimanche 8 mars 2015

La force de la volonté

Voici maintenant deux mois que je suis ici, à Ivato. Le temps passe trop vite et les jours défilent à une vitesse sans précédent. Je viens de me rendre compte qu’un tiers de ma mission est déjà passée. Le temps est une chose précieuse. J’aimerais pouvoir prendre la télécommande de ma vie et pouvoir mettre au ralentit cette aventure. Au bout du monde, tout me parait si simple, comme une logique scientifique que personne ne pourrait contredire. Pour la première fois de ma vie je sais qui je suis et ce que je veux réellement. Les peurs qui me hantaient en France ne sont plus que poussière ici. J’ai l’impression d’être forte et que tout est possible. Cette force, c’est celle de mes élèves. Au CFP, les jeunes ont un courage et une force admirables. Ils ont du talent qui ne demande qu’à pouvoir être extériorisé. Je fais avec eux du français parlé. Mais il ne s’agit pas uniquement d’une matière qu’on apprend à l’école. Je me rends compte que c’est beaucoup plus. Je veux faire de ce cours un tremplin pour eux. Quelque chose d’utile. Pas uniquement de l’enseignement.




En Cours je fais des ateliers d'écriture, débats et théâtre. Je vois la grandeur de ces jeunes à chaque fois que je lis leurs textes et chaque fois qu’ils jouent. Je ne cesse d’être agréablement étonnée par la foi et par le courage qui les habitent. Avant de partir je pensais être forte car malgré toutes les difficultés auxquelles j’ai dû faire face j’ai toujours continué d’avancer la tête toujours plus haute. Mais ces jeunes, ce sont des héros. Peut-être pas sur une échelle internationale, ni même nationale, mais sur l’échelle d’une vie. Quand on sait les écouter, on peut entendre dans leur voix, voir dans leur sourires et comprendre dans leurs actes leur courage.  Madagascar est un pays pauvre me direz-vous, mais il me semble qu’il n’existe aucune richesse comparable à la richesse intérieur. Chaque jour je ne cesse d’apprendre, chaque jour je veux aller plus loin pour ces jeunes merveilleux.



En France, trop de jeunes voient l’école comme une obligation. Moi-même je voyais l’école comme une corvée. Mais la volonté que j’ai appris à connaitre ici est sans égale. Plus d’une heure de marche dans les rizières pour assister à des cours, des élèves qui me demandent de corriger des travaux non demandés, et d’autre qui veulent continuer les cours de français après leurs examens. Ma mission ce n’est pas seulement de leur enseigner le français mais de croire en eux. Ma mission passe trop vite mais ma tête ne cesse de se remplir de souvenirs, de morales de vie et j’en suis plus qu’heureuse. J’ai beaucoup de chance et j’en suis consciente. Je viens non pas d’un milieu très aisé, mais ma famille a pu m’aider à réaliser mon rêve, à faire ce voyage. Cela n’est pas possible pour tout le monde, je le sais. Mais je pense que même à petite échelle nous sommes tous capable de réaliser un rêve. Mon rêve était de partir et faire de l’humanitaire pour aider les autres.


Ici je me rends compte que j’aurais même pu réaliser ce rêve chez moi. Sortir, offrir mon soutien à quelqu’un qui en a besoin, c’est simple et c’est ce que je fais ici. Je pense que nous sommes tous capable de nous donner nous-même les moyens de grandir et de trouver la voie du bonheur. Alors je garderais toujours en mémoire ces jeunes, car comme eux je veux sourire à la vie malgré les difficultés que je pourrais rencontrer. Je ne veux jamais cesser de voir la beauté des choses les plus simples. Ma mission ne s’arrêtera pas à la fin de mon contrat d’engagement mais elle continuera, tant que d’autres jeunes comme moi s’engageront comme volontaires pour voir la beauté du monde, la partager aux autres et à être présent pour tous les jeunes du monde. Cette mission je suis fière du haut de mes 21ans de pouvoir y participer et je profiterai d’autant plus des quatre mois qui me restent à Mada.

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